mercredi 16 mars 2016

Interview d'une auteure : Anne Celine Dartevel

LES QUESTIONS DU BOSS...
1- Es-tu écrivain, romancier, auteur ? Vois-tu une nuance entre ces termes ?
Qu'est-ce que ces mots représentent, pour toi ?
Ni écrivain (ou écrivaine), ni romancier… et pour cause, puisque je n’ai écrit aucun roman à ce jour !
En revanche, le mot « auteur » commence à prendre du sens. Selon moi, un écrivain / romancier s’il ne vit pas complètement de sa plume, a tout au moins mis cette activité au centre de sa vie… en a fait comme qui dirait son métier.

2- Ecrivain/Carrière. Ces deux mots sont-ils compatibles ? Y penses-tu ? Anticipes-tu cet éventuel avenir ?
Oui… compatibles pour certains, sans aucun doute. Pour ce qui me concerne, I don’t even think about it ! C’est de l’ordre de la fiction pure – de la science fiction même. Et puis, dans les moments de doute ou de cafard, j’aime bien me répéter cette petite phrase : (…) l’écriture est ce qu’il y a de meilleur dans l’écriture1. … Ou encore cette autre, d’Anne-Marie Garat : (…) Ecrire est un rapt, non un état ou un métier.

3- Combien de temps, de tentatives, de refus, avant de décrocher un contrat à compte d'éditeur ?
Combien de temps, de tentatives, de refus, jusqu'à aujourd'hui, pour parvenir à décrocher un contrat à compte d'éditeur?
M’étant frottée pendant des années aux concours de nouvelles, je n’ai jusqu’à présent pas essayé « à tous prix » d’être publiée. Lors du festival Vaison Polar, en avril 2013, j’ai rencontré Marc Villard qui m’avait parlé de la collection Polaroïd qu’il dirige aux éditions In8. Quelques mois plus tard, je lui ai envoyé une premier novella mais il y avait beaucoup de choses à reprendre, le texte était loin d’être abouti… Et j’ai un peu baissé les bras.
Un an plus tard, je me suis remise au travail et lui ai soumis cet été une deuxième novella… laquelle – sauf contrordre, tempête ou cas de force majeure ! – devrait être publiée chez In8 au printemps 2016. (Alléluia !)

4- Pourquoi as-tu commencé à écrire ? Pourquoi continues-tu ?
Pour trouver le mot juste. Pour évacuer la vapeur de la cocotte minute.

5- Que penses-tu de la place de l'auteur dans le monde du livre et de l'édition ?
A la fois prestigieuse du point de vue du symbole et de l’image… et précaire, malmenée, quand on songe qu’un auteur – d’après ce que je sais – ne touche que 10 % de droits d’auteur.

6- Comment serait l'éditeur de tes rêves ? Quelles qualités essentielles devrait-il posséder ?
J’imagine une relation dans laquelle ledit éditeur serait capable de faire des retours « techniques » sur un texte – là, ça fonctionne, là ça fonctionne moins – de repérer des « tics » de style, des éléments à améliorer dans la construction du récit… Toutes choses qui se concluraient par un tonitruant : « C’est formidable, je t’édite ! »

7- Que penses-tu du Trophée Anonym'us ?
Le plus grand bien…  ça a un petit côté excitant de se frotter à de « gros poissons » de l’écriture.


LES QUESTIONS DE MADAME LOULOUTE.
1- Ton dernier livre, c'est plutôt : Une intrigue aux petits oignons ? Des personnages croqués avec gourmandise ? Une alchimie de saveurs ?
Dans la novella que je viens d’écrire, ce qui m’a le plus amusée c’est de croquer les personnages et pour ce qui est de l’alchimie, je parlerais plutôt de « petite musique ». J’aime quand ça sonne bien, et juste – à mon oreille tout au moins.
[En tant que lectrice, j’ai dernièrement beaucoup aimé Le bruit des autres d’Amy Grace Loyd où une – jeune - veuve new-yorkaise, propriétaire d’un immeuble à Brooklyn, se prend de fascination pour une de ses locataires. J’adore les passages où elle se glisse dans l’appartement – et l’intimité – de ses locataires – et les descriptions « gourmandes » de l’architecture new yorkaise.
Dernier livre « dévoré » : Un vent de cendres de Sandrine Collette. Belle qualité d’écriture, ambiance soignée et récit qui vous fait frémir et vous mène par le bout du nez.]

2- Tu nous conseilles de le lire : Sur un canapé au coin du feu ? À l'ombre d'un parasol ? Dans le bruit et la fureur d'une ville surpeuplée ?
A lire impérativement sur un canapé au coin du feu – un poêle nourri aux granulés peut également faire l’affaire. Dans le pire des cas, un radiateur bien chaud, c’est pas mal non plus.

3- Ce livre, c'est plutôt : Divertir le lecteur ? Le faire frissonner d'angoisse ? Inviter à la réflexion ? Apporter un témoignage ?
Pour moi écrire, c’est – d’avantage que le divertir – surprendre le lecteur, l’amener là où il ne s’y attendait peut-être pas. L’amuser, l’exciter, l’amener à sourire ou lui faire un peu peur – et plus si affinités.
En tant que lectrice, je suis avant tout sensible à la petite musique de l’auteur, à son style mais frissonner d’angoisse, c’est évidemment délicieux !

4- Ton écriture : Elle est comme Pénélope, qui fait, défait, et refait chaque phrase jusqu'à ce qu'elle sonne juste ou bien un premier jet juste retouché pour enlever quelques aspérités ?
Sans hésitation aucune : Pénélope ! Enlever, remettre une virgule, chercher le mot juste… Pour moi, c’est ce qu’il y a de meilleur dans l’écriture.

5- Ton roman, comme un voyage, est-il : Un chemin au hasard qui t'emporte et t'oblige à t'adapter aux obstacles imprévus qui le parsèment ? Un périple longuement planifié, aux escales anticipées ? Un voyage « théoriquement » organisé, mais qui ne se déroule jamais comme prévu ?
La novella que j’ai écrite a été construite selon une trame relativement précise – histoire d’avoir des points de repère, de ne pas me perdre en route et, surtout, d’être sûre d’arriver au but. J’ai entendu récemment que Stephen King, quand il écrivait un roman, avait tendance à se laisser « porter », sans connaître à l’avance les péripéties de son récit. Procéder de la sorte doit avoir un côté très excitant.

6- Si celui-ci était une boisson, ce serait laquelle ?
Un vin rouge, long en bouche, qui enivre doucement sans qu’on y prenne garde - un vin du Mas Amiel par exemple, exploitation située à Maury, dans les Pyrénées Orientales où il est de coutume de laisser certains vins reposer dans des jarres en verre – et en plein cagnard - pendant des jours.

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1 Alain André, Devenir écrivain (un peu, beaucoup, passionnément.)

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