mardi 4 octobre 2016

Benoit Severac, sous le feu des questions


LES QUESTIONS DU BOSS.

1- N'y a-t-il que du plaisir, dans l'écriture, ou t'est-il déjà arrivé de ressentir une certaine forme de douleur, de souffrance, dans cet exercice ?

  • De la douleur, oui, ça arrive. Mais la douleur peut mener à une certaine forme de plaisir. N'est-ce pas ? 

2- Qu'est-ce qui te pousse à écrire, finalement ?
  • C'est un réflexe, comme celui de respirer. Il y a de nombreuses autres considérations et motivations, conscientes ou inconscientes, mais c'est ce que je ressens avant tout : un besoin vital, comme manger. Et Dieu sait si j'aime manger !

3- Comme on le constate aujourd'hui, tout le monde écrit ou veut s'y mettre. Sportifs, stars du show biz, présentateurs télé, journalistes, politiques, l'épicier, ta voisine... de plus, des sites proposant des services d'auto-édition pullulent sur le net. Ça t'inspire quoi ?
  • Darwin.

4- Le numérique, le support d'internet, les liseuses, les ebook, les réseaux sociaux, sont une révolution pour les auteurs et bousculent également le monde de l'édition. Que penses-tu de ce changement ?

  • Darwin.

5- Il semble que de plus en plus, les auteurs prennent en charge leur communication, font leur publicité, créent leurs propres réseaux, prolongeant ainsi le travail de l'éditeur de façon significative.Te sers tu toi aussi de ce moyen pour communiquer sur ton travail, annoncer ton actualité, discuter avec tes lecteurs ou d'autres auteurs et ainsi, faire vivre tes livres plus longtemps ?

  • Oui. Je me le reproche, parce que ce n'est pas mon métier et ça ne devrait pas être ma préoccupation, et c'est du temps volé à l'écriture. Mais j'ai fait le constat qu'un auteur devait être un minimum pro-actif. Sans cela… Darwin. 

6- On dit qu'en 25 ans, le nombre de livres publiés a été multiplié par deux, leur tirage ayant baissé de moitié pendant cette même période. Comment sortir le bout de sa plume de cette masse de publications ? Être visible ? N'est-ce pas décourageant pour les jeunes auteurs ? Que leur dirais-tu ?
  • Vous allez en chier.

7- Les relations entre un éditeur, ou un directeur de collection, et un auteur, pourraient faire l'objet d'une psychanalyse, me disait un écrivain, récemment. Qu'en penses-tu ? Comment analyserais-tu cette relation que tu entretiens avec eux.
  • J'appelle mon éditeur (Pierre Fourniaud), papa, et la correctrice de la Manufacture de Livres (Edith Noublanche), maman. Même si je n'ai pas forcément envie de coucher avec l'une et de tuer l'autre (ou l'inverse). D'autres questions?

8- J'ai pensé longtemps, et ma bibliothèque s'en ressentait, que le noir, le polar, était une affaire de mecs. Les coups durs, la débine et la débauche, les gangsters, la baston, les armes, les crimes et la violence en général… une histoire de bonshommes. Aujourd'hui, les femmes sont de plus en plus présentes dans l'univers du polar. Grâce au Trophée, j'ai pu me rendre compte qu'il y avait de nombreux auteurs femmes dans ce genre. Ce n'était pas le cas il y a quelques décennies.
Quelles réflexions cela t'inspire-t-il ? À quoi cela est il dû, selon toi ? En lis-tu et, si oui, Lesquelles ?
  • Je ne suis pas doué pour théoriser. Je n'ai pas d'avis sur la question. J'ai besoin de me faire une soirée « couilles » avec mes potes de temps en temps : régression pipi caca bière, tu vois le genre… J'ai remarqué que mes copines nous rejoignaient volontiers et que ça se passait très bien. Celles que j'oublie vont me détester mais j'adore ce qu'écrivent ma chérie (Maïté Bernard), Anne Bourrel, Lalie Walker, Elena Piacentini, Marie Vindy, Elisa Vix, Naïri Nahapétian, Gaëlle Perrin, Marie Neuser… Plein d'autres, parmi lesquelles Patricia Highsmith évidemment (j'adore Tremor of forgery... oui, je sais, je suis snob, je lis en anglais dans le texte)

9- Pourquoi as-tu accepté de participer à ce Trophée ?
  • Parce que je te connais mal, et j'avais envie de remédier à ça. Et puis, si des « amateurs » peuvent gagner face à des « professionnels » (ce qui ne me surprendrait pas, et qui est confirmé par les résultats de l'an dernier), je trouve cela très positif pour la confiance en soi desdits amateurs… Or, ce sont eux qui en ont le plus besoin. C'est tellement important pour démarrer. A l'époque, c'est le genre de coup de pouce dont j'aurais eu besoin.

LES QUESTIONS DE MME LOULOUTE.

1- Vie professionnelle, vie de famille, salons et dédicaces, à l'écriture reste-t-il une place ?
 
  • La première (après mes enfants). L'écriture occupe mes pensées pendant toutes les autres activités sus-nommées. 

2- A-t-on encore les idées claires, quand tous nos héros broient du noir ? 
  • C'est marrant parce que c'est une espèce de schizophrénie : on écrit du noir pour se guérir de ses idées noires, et par là même, on les recherche et on les entretient, car c'est ce qui fait que nos romans sont « bons » (authentiques).

3- La rentrée littéraire approche. Un livre, ça va, 560, où est-ce qu'on va ?
  • Darwin. 

4- Le dicton du jour : À la saint Grégoire, sort un livre de ton placard. Je t'écoute.
  • Pluie en juillet, routes mouillées.

5- Boire ou écrire, faut-il choisir ?

  • Avec du thé, pas nécessaire de choisir. 

6- La littérature est le sel de la vie. Passe moi le poivre.
  • Le cinéma. 

7- Lire aide à vivre. Et écrire ?
  • Je peux me passer de lire, pas d'écrire.

8- Une anecdote à nous narrer, sur un salon, lors d'une dédicace, d'une table ronde, un événement touchant, drôle, étrange… ?
 
  • Cette femme, à qui je tends un tract pour la première édition du salon Toulouse Polars du Sud en 2009, dans le métro, et qui me demande (très sérieuse) si Alexandre Dumas sera présent. 
       Moi (cherchant la blague) : le père ou le fils ?

       Elle (toujours aussi sérieuse) : le père.
       

       Moi : Ben, non, il est mort.
  

       Elle : Bon, en ce cas, je ne viendrai pas.

       J'ai toujours été un mauvais commercial, j'aurais dû répondre « oui ».



Nous te remercions d'avoir répondu à nos questions et d'être présent(e) avec nous, pour cette troisième édition du Trophée Anonym'us.

        
       Merci à vous.






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